Faut-il 
				brûler Deleuze ? Certainement pas ! Quand on brûle une 
				« chandelle verte », cela fait beaucoup de fumée mais bien peu 
				de flammes. Mais surtout Deleuze a apporté à la philosophie ce 
				qui lui manquait cruellement : beaucoup de dérision mais 
				également de l’autodérision. Enfin s’il me reste une allumette, 
				je la garde pour Lukacs : « c’est inutile, me dit ma fidèle 
				Argiope, car Sartre s’en est occupé ! » Alors qu’il en soit 
				ainsi !
				
				Le deleuzisme 
				est un théâtre où se croisent, sous les concepts, la bicyclette 
				de Jarry, « La colonie pénitentiaire » de Kafka avec son étrange 
				machine, le cimetière d’un mille-feuille, la perruque de 
				Leibniz, beaucoup de bouffonnerie et un soupçon de sordide. La 
				scène ? La peau plissée, tantôt lisse et tantôt rugueuse, d’un 
				rhizome aussi vide qu’inhabitable. Le jeu ? Un spectacle en 
				« Mille plateaux », enchainement de scènes et de rencontres 
				improbables.
				
				Tout le reste 
				en découle : des croisements furtifs, des concepts fuyant, des 
				micro-résistances, en des points discrets, à de supposés 
				micro-fascismes, un jeu de marionnettes sans marionnettiste, une 
				ritournelle. Deleuze joue avec des concepts : souvenir naïf de 
				son enfance quand il jouait aux petites voitures.
				
				Réalité du 
				virtuel ! A Vincennes, tandis que Deleuze-acteur fait le clown, 
				Badiou serre les dents : clourophobie ou un ressentiment 
				inexprimable ? Quand le rire nous brise les côtes et nous fait 
				mal au ventre, la surdité est une aubaine : les petits bois de 
				Jarry, bien enfoncés dans les oreilles, fin de la comédie ! Le 
				père Ubu est fasciné par la guillotine : commencent les 
				« Tourments philosophiques »…